vendredi 10 avril 2009

Passions Moldaves

Depuis quelques jours se propage via Internet et certains réseaux sociaux comme Facebook, une intense propagande (délivrée notamment par des responsables et des militants locaux de l'UMP) pour parler des événements en Moldavie et pour soutenir une hypothétique révolution "démocratique", anti-communiste et qui se dit aussi pro-occidentale. Pro-USA serait plus juste...

Tout cela, au détriment, comme nous allons le voir ci-dessous, d'éléments géostratégiques et culturels importants pour l'Europe...ou qui devraient l'être !

La Moldavie est une ancienne république de l'URSS. Sa population essentiellement roumanophone est une des plus pauvres d'Europe. Comme c'est souvent le cas des Balkans jusqu'au Caucase la corruption y est endémique, les mafias y prospèrent et les élections y sont plus ou moins manipulées.


En Moldavie le pouvoir, ou en tout cas son apparence, est actuellement détenu par des néo-communistes qui n'ont que peu à voir avec ceux qui firent les beaux jours et les horizons radieux de l'ancienne patrie des travailleurs. Ces communistes relookés viennent de remporter des élections qui se sont déroulées sous le contrôle d'experts es démocratie diligentés sur place par la communauté internationale. Les experts n'ont rien trouvé à redire sur la nature démocratique de ces opérations.


En revanche des milliers de jeunes moldaves sans perspective manifestent violemment leur opposition à ces résultats et crient leur refus d'une élection truquée. L'occident les habitent comme un eldorado propre à les extraire de leur misère.
Ce scénario est connu.

C'est celui des révolutions "oranges" ou d'autres couleurs qui se sont répétées ces dernières années en Ukraine, en Géorgie et dans plusieurs républiques d'Asie centrale. Comme c'est souvent le cas ces "révolutions" ont une apparence, généralement flatteuse, et une réalité, plus sombre.

L'apparence est celle d'une révolution démocratique essentiellement conduite par les jeunes générations avides de liberté, rétives au nouvel "impérialisme poutinien" et aspirant à rejoindre le "monde libre" occidental.
La réalité est celle d'ONG fabriquées et financées par des officines américaines, surfant sur le droits de l'homme, mais qui entendent, avant tout, couper la Russie de son "étranger proche" et remplacer les oligarchies dirigeantes pro russe par des oligarchies plus compréhensives vis à vis des intérêts hégémoniques de la "puissance indispensable".


Pour le reste, l'exemple ukrainien montre que les populations ne gagnent rien à ces transformations. Le pays a été artificiellement coupé de son hinterland russe mais en demeure dépendant pour son ravitaillement énergétique. Le niveau de vie y stagne, la corruption y règne et la criminalité y progresse tandis que les orangistes s'y querellent sans fin.
Pour des Européens conscients des enjeux vitaux qui dictent leur avenir le débat devrait se situer ailleurs.


Les termes de ce débats peuvent être exposés succinctement.
L'ouest européen est un réservoir de savoir-faire et de hautes technologies; la Russie, un réservoir de ressources énergétiques et de matières premières. Les deux sont complémentaires et l'ensemble constitue un espace potentiellement indépendant du reste de la planète avec une forte cohérence culturelle, territoriale et géopolitique.
Il n'y aura jamais d'indépendance possible sans un solide partenariat stratégique entre l'Europe occidentale et la Russie.


Les États-Unis, c'est bien normal de leur point de vue, ne veulent pas de cette indépendance potentiellement dangereuse pour leur hégémonie. Qu'ils usent de la raideur d'un Bush ou du sourire enjôleur d'un Obama, ils poursuivent donc le même but : distendre le plus possible les liens entre l'Europe et la Russie et construire autour du môle russe un réseau d'États vassalisés en nourrissant à travers les médias qu'ils influencent une véritable rhétorique de guerre froide. Tout cela est écrit noir sur blanc dans les multiples rapports, analyses et études qui émanent des think-tanks étatsuniens et certains de ces documents sont même publiés en français.


Il n'empêche. Il se trouve en Alsace comme ailleurs des umpistes, par exemple, sensés honorer l'héritage gaullien, mais assez frivoles pour tomber dans le panneau. Ils révèrent Obama comme une rock-star, conspuent le dictateur Poutine et manifestent en esprit dans les rues de Chisinau.
Leur "pensée" ne s'aventure guère au delà des émotions qui les saisissent.


Ce n'est pas avec eux que nous construirons une Europe maîtresse de son destin !



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