jeudi 30 juillet 2009

L'opposition libérale pro-occidentale devance les communistes

CHISINAU — L'opposition devance le Parti communiste au pouvoir en Moldavie à l'issue des législatives anticipées, selon les résultats quasi-complets publiés jeudi, mais cette ex-république soviétique n'est pas encore sortie de la crise politique qui la mine depuis avril.

Même alliés, les quatre partis d'opposition n'obtiendraient pas en effet la majorité nécessaire à l'élection d'un nouveau président. L'absence de majorité avait conduit à la dissolution de l'Assemblée élue en avril, et plongé dans la crise ce petit pays, le plus pauvre d'Europe.

Le Parti communiste reste le principal parti du Parlement avec 45,1% des voix et 48 députés sur 101, selon les résultats, portant sur 97% des votes, annoncés jeudi par la Commission électorale.

Mais les quatre partis d'opposition, qui ont juré de ne pas collaborer avec le PC, au pouvoir depuis 2001, cumulent les 53 sièges restants.

Le Parti libéral démocrate remporte 16,4% des voix, soit 17 députés, le Parti libéral 14,4% (15 parlementaires) et l'Alliance Notre Moldavie 7,4% (8 députés). Ces trois mouvements libéraux alliés totalisent ainsi 40 députés.

Le Parti démocratique, dirigé par Marian Lupu, un ancien chef du PC passé à l'opposition en juin, remporte lui 13 députés et 12,5% des suffrages.

L'opposition libérale a exclu toute alliance avec les communistes et le Parti démocratique a indiqué qu'il ne formerait pas de coalition avec eux.

Une coalition de ces quatre partis semble dès lors le scénario le plus probable, bien que les partis libéraux aient d'abord rejeté la possibilité d'une alliance avec le transfuge du Parti communiste.

"Le Parti communiste obtiendra moins de 50 mandats au Parlement. Cela veut dire que les autres partis doivent former une coalition. Nous avons déjà commencé les négociations en ce sens", a déclaré dans la nuit de mercredi à jeudi le chef des libéraux-démocrates, Vlad Filat, cité par l'agence Interfax.

"Je connais bien la mentalité des communistes (...) C'est impossible de former une coalition avec eux", a déclaré de son côté M. Lupu sur la télévision Pro-TV.

Mais la Moldavie n'est pas pour autant sortie de la crise qui la mine depuis le mois d'avril et les précédentes législatives, remportées par le PC, qui avaient été suivies par des émeutes, le saccage du Parlement et de la présidence.

En effet, même unis, les quatre partis d'opposition ne disposent pas de la majorité de 61 députés requise pour élire le successeur du président communiste Vladimir Voronine, qui doit quitter la tête de l'Etat après deux mandats consécutifs.

Les résultats de ces législatives sont aussi déterminantes pour l'orientation de la politique extérieure de la Moldavie. Les communistes, qui s'étaient longtemps déclarés pro-européens, militent désormais pour un rapprochement avec la Russie.

Les quatre partis d'opposition sont eux partisans d'une politique axée vers l'intégration européenne de leur pays, majoritairement roumanophone, coincé entre la Roumanie et l'Ukraine.

"Le Parti communiste doit aller dans l'opposition, et ne doit pas gêner la Moldavie sur son chemin vers l'intégration européenne", a d'ailleurs déclaré Dorin Chirtoaca, le maire de Chisinau et numéro deux du Parti libéral.

Une victoire de l'opposition entraînerait aussi une amélioration des relations avec la Roumanie, alors que le PC accusait Bucarest d'avoir fomenté les émeutes d'avril, allant jusqu'à introduire un régime de visas pour les Roumains, une mesure dénoncée par les quatre partis d'opposition.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui a déployé environ 200 observateurs électoraux, doit rendre ses conclusions jeudi vers 11H00 GMT.

Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.

Résultats des élections législatives anticipées en Moldavie



mercredi 22 juillet 2009

Appel aux électeurs de la République de Moldova


Chers électeurs

Les organisations de jeunesse du Parti libéral, du Parti libéral-démocrate de Moldavie, et de l'Alliance "Notre Moldavie" appellent les jeunes de la République de Moldova à participer activement aux élections législatives du 29 Juillet 2009. Aujourd'hui, plus que jamais, nous avons besoin de la solidarité des jeunes pour débarquer les communistes du gouvernement, et ramener un état de normalité en Moldavie. La solidarité est manifestée par notre propre exemple : l'unité des organisations de jeunesse de l'opposition parlementaire, qui a fait la preuve de cohérence et de la dignité dans sa trajectoire politique.


Le 29 Juillet 2009, par notre vote, nous pouvons mettre fin à la pauvreté. L'élection actuelle exige la participation active des jeunes, non seulement de gagner la liberté et la vérité l'emportera. Deşteptării notre vote permettra de sauver l'avenir de la Moldavie. Les communistes ont fait tous les efforts pour que les étudiants et les personnes déplacées à l'étranger ne puissent pas exercer leur droit de vote. Pour ne pas regretter un avenir compromis par la passivité, les étudiants qui ne disposent pas d'un visa de séjour dans la localité où il est à ce moment-là doit aller maintenant jusqu'au 28 Juillet, dans les bureaux de vote où le vote est enregistré et certifié pour exiger éligibles vote. En outre, le devoir de la jeunesse de leurs parents, parents, amis, collègues à aller voter et de faire un bon choix pour l'avenir de la Moldavie. Si tous les jeunes seront en mesure de convaincre au moins une personne de ne pas donner à voter pour le clan communiste, plus la victoire sera écrasante pour l'opposition.

Vote du 29 Juillet 2009 sera décisif pour l'avenir de la République de Moldova, et pour l'avenir de chaque citoyen. Les jeunes veulent de l'avenir de la Moldavie est un Etat européen et libre de la dictature communiste. Si la situation ne change pas après les élections, des milliers de jeunes seront obligés de sortir du pays à la recherche d'un avenir meilleur. Nous voulons venir en Moldavie, et les parents, buneii, nos familles doivent comprendre que votând pour les communistes, ils ont signé l'interdiction de leurs enfants à l'étranger. Votând pour les communistes, ils soutiennent, en effet, ceux qui étaient disponibles pour leurs propres enfants et petits-enfants d'être battus et tués à la bestialité, mais qui exige la justice. Chaque vote le 29 Juillet 2009 pour les partis de la coalition anticommuniste est un vote sanction or et décisif d'un avenir prospère élections en République de Moldova, avec la famille et des proches.

Aucune des promesses faites par les communistes en 8 ans de gouvernance n'a pas été atteint. Les communistes ont fait faillite Moldova économie, de la tension sociale, la violation flagrante des droits et libertés fondamentaux des citoyens, l'échec de la législation nationale et internationale l'image de l'érosion sur l'extérieur. Parti des communistes restés au pouvoir que par la dictature, la terreur et le gréement des élections. Pour un tel gouvernement avides, corrompus, violents et faux dans les termes d'une véritable démocratie européenne telle partie aurait été récemment punis et jetés dans le trou à jamais l'histoire.

Boursier, l'état de la pauvreté et l'isolement au pouvoir le parti qui a poussé la République de Moldova, nous avons décidé de ne pas donner un vote communiste. Pas de vote de ceux qui ont volé le pays, a détruit les institutions démocratiques, ont été torturé et tué des innocents jeunes gens ont été brûlés et de la présidence, ont incité à des troubles inter.

Aucun vote communiste!


Sergiu Boghean, président des Jeunes du Parti Liberal

George Mocanu, président des Jeunes du Parti Liberal Démocrate de Moldova

Sergiu Baltaga, président des Jeunes de l'Alliance ”Moldova Noastră”

samedi 18 juillet 2009

CoE : « Il faut en finir avec les mauvais traitements et les brutalités policières »

Moldova : « Il faut en finir avec les mauvais traitements et les brutalités policières », déclare le Commissaire Hammarberg dans son rapport

« Les violations de l'interdiction des mauvais traitements qui sont apparues dans des proportions inquiétantes après les manifestations postérieures aux élections des 6 et 7 avril exigent de prendre le taureau par les cornes pour rétablir un climat de confiance. Il faut prendre des mesures énergiques pour appliquer le principe de « tolérance zéro » à l'égard des mauvais traitements dans l'ensemble du système de justice pénale » a déclaré le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe à l'occasion de la parution, aujourd'hui, du rapport sur sa visite en Moldova.

« De toute évidence, il est nécessaire d'examiner non seulement le comportement individuel des policiers mais aussi la responsabilité de leurs supérieurs hiérarchiques » a-t-il ajouté. « Il faut faire toute la lumière sur cette absence de professionnalisme et de respect des normes de base. J'espère que la détermination des autorités moldaves à régler ce problème et à faire en sorte que chacun réponde de ses actes se traduira dans les faits de façon concrète, ferme et durable. »

Par ailleurs, M. Hammarberg souligne que « les procureurs, les juges, les officiers de police et les avocats devraient prêter attention aux allégations et aux indices de mauvais traitements, et que, dans les lieux de garde à vue, les blessures devraient être dûment constatées, consignées et signalées. »

Il qualifie d'inacceptables les pressions exercées sur les médias et les organisations non-gouvernementales qui dénoncent des atteintes aux droits de l'homme. « La liberté d'expression et d'information doit être protégée, notamment en temps de crise. Par ailleurs, les journalistes devraient faire un effort particulier pour respecter les normes éthiques et professionnelles. »

Enfin, le Commissaire recommande l'ouverture d'enquêtes approfondies sur les événements. « Outre la nécessité de clarifier les questions relatives aux élections à proprement parler, il est indispensable d'enquêter sur ce qui s'est passé pendant les manifestations, notamment les actes de violence et l'inefficacité du dispositif anti-émeutes. Il faut faire rapidement le nécessaire pour ne pas laisser sans suite les violations des droits de l'homme, en particulier les nombreux cas de mauvais traitements infligés par la police. Les enquêtes doivent être indépendantes, impartiales, transparentes et ressenties comme crédibles par la population moldave. »

Le rapport s'appuie sur les conclusions de la visite menée par le Commissaire en Moldova du 25 au 28 avril 2009. Il peut être consulté, ainsi que les observations du Gouvernement moldave, sur le site web du Commissaire.

© News Press 2009

mercredi 15 juillet 2009

Le PNL et le MAE se retirent de la course électorale

Deux partis de l'opposition moldave ont annoncé successivement leur retrait aux élections législatives du 29 juillet :

Le Parti National Libéral (PNL) de Moldova se retire de la course pour les élections anticipées, a déclaré sa présidente Vitalia Pavlicenco à Pro TV Chisinau. Le Parti National Libéral va inciter à voter pour l'union des trois partis d'opposition représentés au Parlement : le Parti libéral-démocrate,le Parti libéral et l'Alliance Notre Moldavie.

Le Mouvement d'Action Européenne (MAE) dit qu'il se va retirer de la course à l'élection et a appelé à voter pour les trois principales formations de l'opposition libérale. Leader du Mouvement, Anatoly Petrencu dit avant de se retirer de formation à participer au débat électoral télévisé de la campagne contre le Parti communiste. "Nous avons pris cette décision de ne pas disperser les voix des partis de l'opposition" dit-il. Lors du scrutin du 5 avril,le MAE avait atteint un peu plus de 1% des voix.

mardi 14 juillet 2009

Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe répond aux allégations de la télévision d’Etat de Moldova

Strasbourg, 10.07.2009 - Je suis très préoccupé par les allégations faites à la télévision d’Etat de Moldova, selon lesquelles certaines personnes employées par le Conseil de l’Europe auraient participé aux troubles post-électoraux d’avril en Moldova.

Ces allégations très graves ont été formulées sans présenter aucune preuve et sans donner au Conseil de l'Europe ni aux personnes concernées la possibilité d'y répondre. Manifestement, la télévision d’Etat de Moldova a encore beaucoup à apprendre en matière de journalisme responsable.

Si la télévision d’Etat s’était renseignée auprès du Conseil de l’Europe avant de formuler ces allégations, elle aurait appris que, il y a sept semaines déjà, j’ai écrit au gouvernement de Moldova pour lui demander pourquoi l’un de nos experts, bien qu’en possession d’un visa en cours de validité, n’a pas été autorisé à retourner en Moldova. Elle aurait aussi appris que j’attends toujours la réponse.

Direction de la Communication du Conseil de l’Europe
Tel: +33 (0)3 88 41 25 60
Fax:+33 (0)3 88 41 39 11

pressunit@coe.int

www.coe.int

lundi 13 juillet 2009

Les manifestations en Moldavie dans le cadre des relations roumano-moldaves depuis 1989

Écrit par Alina-Roxana Girbea
http://www.nouvelle-europe.eu/index.php?option=com_content&task=view&id=679&Itemid=62

En avril 2009, les Européens ont découvert la Moldavie et les médias se sont passionnés deux semaines durant de la crise que le pays traversa à la suite des élections législatives, soupsonnées de fraude. De nombreuses manifestations ont eu lieu dans les capitales européennes, mais que s'est-il passé au juste ? Pourquoi un tel embrasement ? Quelle influence de la Roumanie voisine dans cette crise ?

Les faits : des élections fraudées ?

Le 7 avril 2009, des manifestations ont embrasé Chişinãu, la capitale de la Moldavie, suite à l’annonce du résultat des élections parlementaires du 5 avril, qui donnait une majorité de 49,5% au Parti des Communistes de la République moldave. Ce résultat se traduit par 60 sur 101 sièges pour le Parti des Communistes dans la seule chambre du Parlement moldave, suivi par le Parti Libéral et le Parti Libéral Démocrate (chacun ayant 15 sièges) et l’Alliance « Notre Moldavie » avec 11 sièges. La manifestation a commencé de façon spontanée surtout par des étudiants et des lycéens, qui proclamaient des slogans comme « Nous voulons des élections libres ! » ou « À bas les communistes ! ». Si les protestataires ont été paisibles dans la matinée, ils ont dégénéré vers 12h00 avec des jeunes qui ont commencé à jeter des pierres sur les bâtiments de la Présidence et du Parlement, en entrant et mettant le feu par la suite. Les opposants soutiennent que des employés du service intérieur de sécurité se sont infiltrés dans la foule pour inciter à la violence et discréditer la protestation dans son berceau.

La raison invoquée par les manifestants pour leurs protestations a été le soupçon de fraude lors des élections. En effet, en dépit du fait que les observateurs internationaux de l’OSCE aient déclaré les élections conformes aux normes internationales, les protestants ne sont pas d’accord avec cette décision. Des témoins invoquent des événements comme la présence sur les listes électorales de personnes décédées, l’apparition bizarre des agriculteurs au vote après 19h00 (alors que d’habitude les agriculteurs votent le matin) ou bien des exercices très durs pour les soldats après le compte des votes dans les sections de vote spéciaux ont montré que pas tous avaient voté pour le Parti communiste. Par ailleurs, des membres de l’équipe de l’OSCE, comme la députée européenne Emma Nicholson, ont déclaré par la suite que le rapport a été trop favorable à cause de la présence des observateurs russes dans l’équipe de supervision. Elle invoque, par exemple, le fait que des citoyens moldaves se sont vu refuser le passage de Transnistrie en Moldavie par l’armée russe.

Qui plus est, les analystes mettent en avant la difficulté de voter pour les Moldaves à l’étranger. En effet, entre 700.000 et un million de Moldaves du total des 3,8 millions d’habitants de la Moldavie vivent et travaillent à l’étranger et l’argent qu’ils envoient en Moldavie dépassent, selon certaines estimations, le budget annuel du pays. En février 2009, neuf organisations non-gouvernementales représentant les Moldaves à l’étranger avaient envoyé une lettre ouverte au Président de la République moldave demandant le droit de vote des citoyens moldaves habitant en dehors des frontières du pays. Ils dénonçaient, entre autres, l’absence d’une section de vote en Irlande, ou bien le fait qu’en Italie, où se trouveraient approximativement 200.000 Moldaves, seulement deux bureaux de vote sont ouverts. L’absence de la possibilité de voter par poste (existante dans d’autres pays européens) a été également condamnée. Finalement, seulement 14.000 Moldaves se sont présentsé au vote le 5 avril, soit environ 15% des Moldaves de l’étranger. Selon un observateur international des élections, à l’Ambassade moldave à Paris, ont voté un peu plus de mille personnes, et parmi elles, seulement une quarantaine aurait voté pour les Communistes.

Une autre discussion est centrée autour du seuil électoral fixé autour du 6% pour les élections de 2005, rabaissé selon une incitation de l’OSCE et du Conseil de l’Europe à 4% et refixé à 6% avant les élections de 2006. L’analyste Igor Bortan de l’Association (Moldave) pour la Démocratie Participative avait calculé qu’en fixant le seuil à 6% les Communistes gagneraient autour de 11 sièges en plus par rapport à un seuil de 4%. On invoque également une couverture médiatique largement inégalitaire qui a favorisé le Parti des communistes.

La Roumanie et la Moldavie : « Je t’aime, moi non plus … » ?

(Courte chronologie à la fin de l’article)

Pendant la période communiste, une vaste politique de dénationalisation de la population roumaine de Moldavie (estimée à 70% en 1930, lorsqu'elle faisait partie de la Grande Roumanie) a été menée : l’enseignement de la langue roumaine en tant que telle a été interdit dans les écoles, des populations russophones et ukrainophones ont été encouragées à s’établir en RSSM (République socialiste soviétique de Moldavie), surtout en Transnistrie. Le "roumain" était enseigné alors sous le nom de "moldave" avec un alphabet cyrillique.

En 1989, les régimes communistes commencent à s’effondrer dans les deux pays. En août 1989, la langue roumaine est déclarée langue officielle par le Soviet suprême de la RSSM sous la pression du mouvement du Front populaire de Moldavie, qui est à la base des mouvements d’opposition au pouvoir soviétique. Suit la chute du régime communiste roumain en décembre 1989 qui a engendré un mouvement unioniste dans une partie de la population roumaine et moldave. Le « pont de fleurs » sur le Prut (nom donné aux événements de 16 juillet 1991 quand 240 000 Moldaves ont traversé la frontière avec la Roumanie sans formalités) est un exemple symbolique de ces premières réactions enthousiastes. Le Premier ministre moldave Mircea Druc a même présenté sa candidature pour devenir Président de la Roumanie (dans l’idée d’une union personnelle des deux États comme celle réalisée par l’élection d’un domn commun au XIXe siècle par la Valachie et la Moldavie), mais a obtenu seulement 2,75% des votes. Celui qui a emporté les élections fut l’ancien communiste, qui a fait ses études à Moscou, Ion Iliescu, qui ne voulait pas gêner ni Gorbatchev ni Eltsine en posant la question de la Moldavie.

La Moldavie proclame son indépendance en 1991 et la Roumanie est le premier pays à le reconnaître. Pourtant, à l’époque, le scénario allemand de la réunification par traité entre deux pays indépendants n’est pas encore totalement exclu. Ce scénario gène les minorités de la République moldave et le 2 septembre 1990 les habitants de Transnistrie proclament l'indépendance, avec les soutiens de Moscou et de Kiev. Le conflit entre les deux entités escalade en une guerre civile en 1992. Suite à ce conflit, la position de la Roumanie devient plus modérée et le « Traité de fraternité et d’union politique » qui était en train d’être négocié entre les deux pays devient le « Traité politique entre la Roumanie et la Moldavie ». De décembre 1993 à 1995, les relations avec la Roumanie connaissent un net refroidissement.

L’année 1994 peut être vue comme l’année charnière dans les discussions sur la réunification. En février, les élections parlementaires en Moldavie sont remportées à 80% par les anti-unionistes. En mars, un référendum confirme l’indépendance de la Moldavie et l’adhésion à la CEI est ratifiée par procédure d’urgence. La réaction roumaine est prompte : en avril, la Chambre de Députés de Roumanie déclare que le vote du Parlement moldave « annule de manière irresponsable le droit de la nation roumaine à vivre dans l’intégrité de son espace culturel ». Le Parlement moldave répond le lendemain en officialisant les notions de langue moldave et du peuple moldave (pourtant les élèves et les étudiants continuent à apprendre « la langue et la littérature roumaines » dans les écoles et les universités). La Constitution de la République moldave adoptée en juin 1994 reconfirme l’indépendance de la République de Moldavie. L’idée de la réunification postcommuniste des deux pays a été renvoyée dans la poubelle de l’Histoire, même si elle reste vivante dans certains cercles. Ainsi, en février 1995, le porte-parole du Ministère roumain des Affaires étrangères admet une « baisse d’intensité des relations de la Roumanie avec la République de Moldavie ».

À partir de 1995, la Roumanie a adopté, selon Ion Dinu (docteur en géopolitique, Paris IV), une double approche : d’un côté, elle soutient son indépendance et son intégrations dans les organismes internationaux et, de l’autre, elle promeut une intégration économique et la création d’un espace culturel commun. Cependant, le discours de la réunification n’est pas encore disparu de l’espace public roumain ou moldave. Ainsi, en mars 2008, le Président roumain Basescu parlait de la nécessité de corriger la décision prise par l’URSS et l’Allemagne nazie et du devoir des personnes des deux coté du Prut de dépasser cette division temporaire et de se retrouver au sein de l’Union européenne. En effet, la Stratégie de Sécurité Nationale de la Roumanie parle de la relation spéciale avec la Moldavie qui est basée sur le principe « une seule nation – deux États ». Du coté oriental du Prut, la « Conception de la politique nationale de la République de Moldavie » adoptée en 2003 parle du peuple moldave. Cependant, les partis d’opposition en Moldavie prennent une autre position sur cette question. Le Parti national libéral (PNL) a utilisé lors des élections de 2007 le slogan « Deux États, un peuple, une citoyenneté commune ». Dorin Chirtoaca, le Maire de Chisinau et un des chefs du Parti libéral (PL) a déclaré publiquement que 80% de la population de la Moldavie est roumaine, alors que les statistiques déclarent plutôt un chiffres de 65%. Le Parti populaire chrétien démocrate utilisait sur son site Internet en août 2008 la formule « deux États roumains – la Roumanie et la République de Moldavie ». Ces positions expliquent pourquoi pendant les manifestations d’avril le message anti-communiste a été brouillé par un prétendu message pro-unification.

Cependant, les principales problématiques qui ont marqué les relations bilatérales à partir de la deuxième moitié des années 1990 des deux pays ont été l’obtention de la nationalité roumaine par les citoyens moldaves et la perméabilité de la frontière commune. La perméabilité de la frontière n’a pas posé de problème durant une dizaine d’années pendant lesquelles les deux gouvernements ont mené une politique de frontières ouvertes. La situation a changé le 1er juillet 2001, quand la Roumanie a introduit la demande d’avoir un passeport pour entrer sur le territoire roumain dans le cadre du processus d’adhésion à l’Union européenne. Par la suite, l’obligation de visa a été introduite en créant de nombreuses et longues files d’attente devant l’Ambassade roumaine de Chisinau. Ces files ont été renforcées par le fait que certains pays occidentaux qui attirent une forte migration saisonnière de Moldaves (comme l’Espagne) n’ont pas d’Ambassade en Moldavie, l’Ambassade la plus proche étant celle de Bucarest.

Un problème encore plus épineux, mis en avant par les événements récents, reste la politique ambiguë d’obtention de la citoyenneté roumaine de la Roumanie envers les citoyens Moldaves. La loi sur la citoyenneté roumaine adoptée en 1991 accorde le droit de citoyenneté roumaine à tous les ex-citoyens roumains, ainsi qu’à leurs descendants (jusqu’à la troisième génération) qui ont perdu leur citoyenneté avant 1989 pour des raisons extérieures à leur volonté. Vue que la Moldavie a fait partie de la Roumanie pendant l’entre-deux guerres, la plupart de ses citoyens peuvent faire appel à cette loi. La question a vu son importance soulignée par l’intégration de la Roumanie à l’Union européenne en 2007. En effet, dans un sondage réalisé en 2005, 85% des personnes déclarant une volonté d’obtenir la citoyenneté roumaine mentionnaient comme raison la liberté de travailler dans l’UE et seulement 14% ont invoqué leur identité roumaine. Ces chiffres sont renforcés par le recensement national de 2004 quand juste 2,2% de la population s’est déclaré comme étant roumaine, alors que 75% s’est dite moldave.

En effet, les peurs invoquées d’une hémorragie massive des citoyens moldaves ne se sont pas avérées. Selon les déclarations du Premier ministre roumain, Emil Boc, en 2008, 10.000 Moldaves ont reçu la citoyenneté roumaine. Pourtant, Basescu, Président de la Roumanie depuis 2004, a eu plusieurs interventions pour soutenir la simplification de la procédure d’obtention de la citoyenneté roumaine par les Moldaves. Les autorités moldaves ont essayé de s’opposer à cette politique en changeant leur propre législation relative à la citoyenneté en interdisant aux personnes tenant une double citoyenneté de tenir une position politique importante (comme Ministre ou Député, Maire ou Préfet) ou de travailler dans la justice et la police. Cette mesure a été toutefois invalidée par la Cour européenne de Droits de l’Homme saisie par les politiciens de l’opposition. Plus récemment, dans le cadre des protestations d’avril, une obligation de visa a été introduite pour la première fois pour les citoyens roumains voulant se rendre en Moldavie. Accusant la Roumanie d’avoir organisé les protestations postélectorales, le Président moldave Vladimir Voronin déclarait le 30 avril : « Ce que l’Union européenne fait à la Moldavie n’est pas bien. Ouvrir l’Europe seulement aux citoyens moldaves qui ont des passeports roumains est humiliant pour le peuple moldave ».

Pour aller plus loin :

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Sur Nouvelle Europe
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Fiche pays : la Moldavie
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Politique européenne de voisinage : qui sont nos voisins ?
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Quand la Russie reprend ses marques en Europe centrale : l’exemple de la Transnistrie
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Vers une révolution 2.0 en Moldavie ?


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Sur Internet
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BBC, “Romania blamed over Moldova riots”
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Euractiv.com, Moldova eyewitness: Troublemakers marred protests
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The Guardian, “Putting Moldova on the map”
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Parliamentary elctions in Moldova, 2009
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Telos, « De Marx ils ont surtout retenu le capital … »


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À lire
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AVRAM Andrei et MULLER Dietmar, « Moldova’s borders with Romania : challenges and perspectives after Romania’s accession to the European Union” en South-East Europe Review, n°3, 2008
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DINU Ion, « La Roumanie et ses voisins de l’ex Union Soviétique » en Nouveaux Mondes, automne 1999
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SOARE Cosmin Marius, « Entre l’Ouest et l’Est, la République de Moldavie » en Revue du Marché Commun et de l’Union Européenne, n° 499, juin 2006


Chronologie des relations roumano-moldaves :


XIVe siècle

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Formation de la Principauté de Moldavie (voir carte)

1504
La Principauté de Moldavie est sous suzeraineté ottomane
1600 – 1601
Michel le Brave unifie les trois principautés de Transylvanie, Valachie et Moldavie
1812
La Bessarabie (partie d’est de la principauté de Moldavie située entre les rivières Prut et Dniestr) est attachée à l’Empire russe par la paix de Bucarest qui règle le conflit russo-turc
1856
Le sud de la Bessarabie est annexé à la Principauté de Moldavie par la paix de Paris qui suit la guerre de Crimée
1862
Formation de l’État roumain par la réunion de la Principauté de Moldavie et la principauté de Valachie
1877
L’État roumain gagne son indépendance après la guerre russo-turque de 1877. Les traités de paix prévoient l’échange du sud de la Bessarabie avec la Dobroudja
1918
La Bessarabie choisit d’intégrer la Roumanie selon le principe d’autodétermination
1924
L’URSS ne reconnaît pas ce choix et décide de créer la République soviétique socialiste de Moldavie (RSSM), située à l’est du Dniestr. La capitale de cet État marionnette fut établie à Tiraspol
1944
Dans le cadre de la Deuxième Guerre mondiale, l’URSS annexe la Bessarabie qui forme avec la RSSM la République socialiste soviétique de Moldavie
1991
Proclamation de l’indépendance de la République de Moldavie
1993
La Moldavie intègre la CEI avec un statut de neutralité

Moldavie: l'APCE suivra les élections anticipées

MOSCOU, 13 juillet - RIA Novosti.

Une délégation de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe participera à la mission d'observation des élections parlementaires anticipées moldaves fixées au 29 juillet, les résultats du monitorage seront rendus publics à la session d'automne de l'organisation, a appris RIA Novosti auprès de l'appareil de l'Assemblée.

Le 15 juin, le président moldave a dissout par décret le parlement issu des élections du 5 avril et proclamé la tenue d'élections anticipées, après que le parlement eut échoué par deux fois, le 20 mai et le 3 juin, à élire le chef de l'Etat.

Selon l'interlocuteur de l'agence, les parlementaires projettent de se rendre dans les bureaux de vote, de rencontrer les représentants des partis politiques et des ONG du pays.

L'OSCE et la CEI assisteront également à la mission d'observation.

Selon un autre représentant de l'Assemblée parlementaire, "le chef de la délégation présentera le bilan de son séjour en Moldavie le premier jour des travaux de la session d'automne de l'Assemblée le 28 septembre".

Mécontente de la victoire des communistes aux élections, l'opposition moldave a organisé des actions de protestation devant les édifices du parlement et de la présidence, qui ont dégénéré en troubles le 7 avril. Vladimir Voronin, président moldave et leader des communistes a autorisé le recomptage des voix qui a confirmé la victoire du PC.

L'APCE a adopté une résolution exhortant les dirigeants moldaves à mener une enquête impartiale sur les événements d'avril.

dimanche 12 juillet 2009

A wind of change or pathetic illusion?


The Republic of Moldova on 29 July will hold new parliamentary elections. Despite the opposition leaders’ demand not to hold elections in the summer but to postpone them until the autumn, the communist authorities decided to organise the elections as soon as possible

The Republic of Moldova on 29 July will hold new parliamentary elections. Despite the opposition leaders’ demand not to hold elections in the summer but to postpone them until the autumn, the communist authorities decided to organise the elections as soon as possible and even set them in the middle of the week, on a Wednesday.

Controversy over the election date

The midweek election day is unusual for the Republic of Moldova, as all previous elections were on Sundays. The opposition suspects the Party of Communists changed the election day in an attempt to reduce voter turnout and to exclude from the electoral process young voters and those living in other countries who are mostly anticommunist.

Many young people are out of the country for the summer, while others will not be able to vote easily, because, according to the existing rules, the students are registered and legally obliged to vote on the campuses where they study. However, most students have left for their homes during the summer; thus, they will have difficulty in voting. Furthermore, the Moldovans that work outside of the country will have difficulties in voting because the elections will be held on a working day.

In addition, to avoid the possibility of having the summer elections declared invalid because of not reaching the participation threshold of 50% plus one of the total registered voters; just before dissolving, the parliament reduced the condition for valid elections to a participation threshold of one third of total registered voters.

A no-dignity campaign

Dirty electoral campaigns are no news for the Republic of Moldova; nonetheless, the violent events of 7 April have brought a new level of “black public relations”. The Party of Communists based their entire electoral campaign only on the accusation that the opposition supported an attempted coup de d’état.

The key message of the communists is the need to defend the mother county. Furthermore, Vladimir Voronin, the acting president and the leader of the Party of Communists, has recently declared, “The opposition is guided by criminal elements” and accused them of seeking to destroy the independence of the Republic of Moldova.

However, the main liberal opposition parties – Liberal Party, Liberal-Democrat Party and Our Moldova Party – blame the Communists of orchestrating a violent provocation in order to divert the attention from the alleged frauds committed during April’s elections.

All of the main electoral competitors speculate on the source of the violence on 7 April. So far, the different parties have made four documentaries with different interpretations of the events. Additionally, as the campaign continues, new facts emerge over the abuses committed by the police following the devastation of the presidential palace and parliament building; inevitably different political actors attempt to use these facts for political advantage.

The authorities have been forced to recognise, after a new autopsy made with the participation of an international expert, that Valeriu Boboc, one of the victims on 7 April, died because of police beating during his detention.

A new force?

Going into new elections the Party of Communists has received a significant political blow, as the former speaker of the parliament, Marian Lupu, declared his disagreement with the party’s official line of polarising the society based on the 7 April events and announced his departure from the Party of Communists.

Marian Lupu has joined the Democrat Party of Moldova – a social-democratic oriented party – and now could attract voters from the communist electorate. Many political analysts see the former speaker’s new political status as the opposition’s only real chance to win over the ruling Party of Communists. As the communists and liberals are exchanging excessive blows, the Democrat Party of Moldova is trying to have a more moderate position emphasising the need to stop the ongoing political war.

In the last few months, the Republic of Moldova has seen more controversy and violence than during its entire 18 years of independence.

The parliamentary elections held on 5 April, instead of legitimising the parliament and government, have released the entire frustrations accumulated during the communist party’s governance since 2001. Alleged electoral frauds committed by the Party of Communists resulted in massive street protests on 7 April that ended with the violent attacks on the presidential palace and the parliament building.

Because of communist control over the judicial system, the opposition could not demonstrate that fraud was committed; thus, they used the only available way of provoking new elections: not voting in the newly convened parliament for the election of president of the Republic of Moldova.

After twice failing to elect the president on 15 June, the acting President, Vladimir Voronin, dissolved the parliament and declared new parliamentary elections.

http://www.osservatoriobalcani.org/article/articleview/11560

samedi 11 juillet 2009

Le film produit par l'AMN "Dans la défense de la Moldavie»

Filmul produs de AMN "În apărarea Moldovei" - partea I :






Filmul produs de AMN "În apărarea Moldovei" - partea II :








Filmul produs de AMN "În apărarea Moldovei" - partea III :




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vendredi 10 juillet 2009

Diplomatie : Bucarest-Chisinau, tensions toujours


Le ministre moldave de la Réintégration, Vasili Sova, a déclaré hier qu’il voyait dans les récentes déclarations du président roumain Traian Basescu en faveur de l’opposition moldave un plan pour la séparation de la Transnistrie. "Ces derniers mois, on a l’impression qu’il ne se passe pas une semaine sans que les institutions de l’Etat roumain fasse des déclarations dures qui viennent s’immiscer dans les affaires internes de la Moldavie", a déclaré le ministre. Les nouvelles élections législatives en république de Moldavie sont prévues le 29 juillet prochain, et le président roumain a en effet annoncé son souhait de voir les partis d’opposition (aux communistes et au président Voronine) l’emporter.

La rédaction (www.lepetitjournal.com / Bucarest) vendredi 10 juillet 2009